C’est à partir d’une analyse de longue durée, s’étalant sur une trentaine d’années jusqu’à la fin de la Guerre froide, que nous voudrions présenter des pistes de réflexion au sujet de la « philosophie » que la France et la République fédérale d’Allemagne ont pu insuffler et de la direction qu’elles ont donnée à la coopération aéronautique en Europe. Elles ont pu jouer ce rôle à partir de leurs programmes bilatéraux, tels que l’avion de transport militaire Transall (1959) , ou de programmes sous licences, comme le Nortatlass de Sud Aviation (1956) et le Fouga Magister, ou encore par leur participation concertée à des programmes multilatéraux. On pense tout de suite à Airbus et à Eurocopter, mais aussi à Tornado et Eurofighter, et à leurs concurrents réalisés ou pas, tels que Rafale ou Europlane. Notre analyse se fonde sur une approche croisant différentes archives françaises, allemandes, et provenant de pays directement concernés par ces projets, et se situant à l’interconnexion de différents « Histoires » : Histoire de la technologie, de l’économie, de la science, des relations internationales et de l’intégration européenne, car il n’y a aucun sens à parler de techniciens en tant qu’acteurs privilégiés dans la négociation internationale, comme il n’y en a pas à se référer exclusivement aux hauts responsables de la politique étrangère comme au cercle de la décision ultime et définitive . Il faut entrecroiser les plans de la décision et les acteurs. Nous privilégierons ainsi trois éléments-clés présents tout au long de la période examinée, et par l’entremise desquels nous pouvons appréhender la marque laissée par la coopération franco-allemande sur leur développement initial, comme sur la configuration actuelle des industries aéronautiques et aérospatiales au sein de l’Union européenne. Les réflexions et l’action des deux pays de part et d’autre du Rhin se sont donc conjuguées en jouant tout d’abord sur leurs relations respectives avec les autres pays européens, fermement engagés ou tout au moins présents dans le monde de l’aéronautique ; le deuxième facteur est celui de la position dominante des firmes américaines soutenues par le gouvernement de Washington, les incumbents ; le troisième facteur est celui d’un cadre communautaire susceptible ou non de devenir un outil précieux, sous le contrôle de Paris et Bonn. Ce sont là nos trois coordonnées pour démêler les actions entreprises dès les années 1950 par la France et la RFA en vue d’une relance de leurs aéronautiques nationales par la coopération.

La France, la RFA et la coopération aéronautique en Europe (1955-1989)

BURIGANA, DAVID
2012

Abstract

C’est à partir d’une analyse de longue durée, s’étalant sur une trentaine d’années jusqu’à la fin de la Guerre froide, que nous voudrions présenter des pistes de réflexion au sujet de la « philosophie » que la France et la République fédérale d’Allemagne ont pu insuffler et de la direction qu’elles ont donnée à la coopération aéronautique en Europe. Elles ont pu jouer ce rôle à partir de leurs programmes bilatéraux, tels que l’avion de transport militaire Transall (1959) , ou de programmes sous licences, comme le Nortatlass de Sud Aviation (1956) et le Fouga Magister, ou encore par leur participation concertée à des programmes multilatéraux. On pense tout de suite à Airbus et à Eurocopter, mais aussi à Tornado et Eurofighter, et à leurs concurrents réalisés ou pas, tels que Rafale ou Europlane. Notre analyse se fonde sur une approche croisant différentes archives françaises, allemandes, et provenant de pays directement concernés par ces projets, et se situant à l’interconnexion de différents « Histoires » : Histoire de la technologie, de l’économie, de la science, des relations internationales et de l’intégration européenne, car il n’y a aucun sens à parler de techniciens en tant qu’acteurs privilégiés dans la négociation internationale, comme il n’y en a pas à se référer exclusivement aux hauts responsables de la politique étrangère comme au cercle de la décision ultime et définitive . Il faut entrecroiser les plans de la décision et les acteurs. Nous privilégierons ainsi trois éléments-clés présents tout au long de la période examinée, et par l’entremise desquels nous pouvons appréhender la marque laissée par la coopération franco-allemande sur leur développement initial, comme sur la configuration actuelle des industries aéronautiques et aérospatiales au sein de l’Union européenne. Les réflexions et l’action des deux pays de part et d’autre du Rhin se sont donc conjuguées en jouant tout d’abord sur leurs relations respectives avec les autres pays européens, fermement engagés ou tout au moins présents dans le monde de l’aéronautique ; le deuxième facteur est celui de la position dominante des firmes américaines soutenues par le gouvernement de Washington, les incumbents ; le troisième facteur est celui d’un cadre communautaire susceptible ou non de devenir un outil précieux, sous le contrôle de Paris et Bonn. Ce sont là nos trois coordonnées pour démêler les actions entreprises dès les années 1950 par la France et la RFA en vue d’une relance de leurs aéronautiques nationales par la coopération.
2012
La construction d'un espace scientifique commun? La France, la RFA et l'Europe après le "choc du Spoutnik"
9789052018577
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