Les expériences du gouvernement Berlusconi montrent une Italie pro-atlantique et anti-européiste quant à la coopération des armements, et pourtant Rome a été porteur du projet de l’Agence de Défense européenne tout comme fondateur de l’OCCAR (Organisation de Coopération pour la Construction des Armements). Les deux ne sont pas toutefois des agences « communautaires » mais des organismes intergouvernementaux européens mais en dehors de l’UE. Pour passer de l'« actualité » à la recherche des perspectives « nouvelles » de la coopération des armements dans la « nouvelle » Europe, nous suggérons une analyse historique et une approche politico-institutionnelle, ainsi qu'une focalisation sur les interconnexions d'un type de production qui est civilo-militaire: des interconnexions qui sont à la fois techniques, industrielles et financières. Une telle approche, appliquée particulièrement au secteur aéronautique, permet de dégager une vision plus large de la production d'armements, car il ne s'agit pas seulement d'armements au sens stricte, mais de technologie, à savoir de technologie de pointe qui est applicable aux armements, à leur production, mais non pas exclusivement à celle-ci. Nous nous référons seulement en partie au concept du dual use technology: ce n'est pas le « produit » qui est le plus important. Le « producteur » l'emporte avec sa nature « à géométrie variable » - de la société privée à celle contrôlée en partie ou totalement par l'État, en tous cas caractérisée par sa diversification de produits entre civils et militaires tels que les cas d'études de Boeing et d'EADS. Par cette approche, nous pourrions suggérer non pas seulement des perspectives pour les développements futurs de la coopération des armements, mais les potentialités de ce sujet pour l'historiographie sur l'intégration européenne, voir sur le processus de la construction d'une « nouvelle » Europe après la Deuxième Guerre mondiale. En fait, en ce qui concerne les débats et le projet autour de la production coordonnée des armements en Europe, il ne s'agit pas d'une nouveauté au sein de la Communauté européenne des Neuf. Le sujet n'a toutefois pas encore été abordé par l'historiographie sur la construction européenne qui, à part la CED, a abdiqué en faveur des politologues en matière d'études sur la défense européenne, avec une seule exception sur ses prodromes. L'idée d'une production coordonnée des armements en Europe, a-t-elle donc existé auparavant, et dans ce cas, à quand est-ce qu'elle remonte ? Pour répondre à cette question, il faut s'attacher aux expériences et débats lancés au sein de l'Europe des Six, de l'UEO ou encore de l'Europe « otanienne », depuis les années 1950 et avec une accélération dès la fin des années 1960 pour arriver aux années 1970. C’est ainsi qu’on arrive à la moitié des années 1970 lorsque, vue la divergence des intérêts nationaux - pour la France l'aérospatial reste un point fort de l'indépendance nationale, le Royaume-Uni ne se décide pas sur la nationalisation, l'Italie mise sur les États-Unis - il s'agit d'attendre selon Bonn aussi. La seule perspective est alors de poursuivre des projets ciblés avec les pays décidés à arriver au but. C'est pour cette raison, conclut Bonn, que la consultation avec Paris, Londres et La Haye au niveau de contacts bilatéraux reste la voie la plus efficace pour la coopération. C'est ainsi que la voie « intégrationniste » à la coopération, celle d'une « politique commune », se ferme définitivement vers la fin des années 1970. Plus exactement, les Trois à la tête des Neuf décident d'emprunter la route intergouvernementale d'ailleurs maintenue jusqu'aujourd'hui, tandis que les entrelacements euro-américains de nature techno-financière et sociétaire demeurent. Ils restent actuellement bien répandus parmi les membres de l'UE, comme le prouvent les documents élaborés par la Commission marquant une coopération des armements dans une Europe « transatlantique ». Le restera-t-elle ? L’analyse, selon une approche trasnantionale, se base sur le croisement des Archives des pays engagés - France, Grande Bretagne, Italie, Espagne - de sources édites - République Fédérale d’Allemagne - et des Archives des institutions européennes : la Commission et le Conseil de la CEE, l’OTAN, l’Union de l’Europe Occidentale, FINABEL.

La coopération en matière d’armements en Europe, évolutions et débats des années 1950 à nos jours

BURIGANA, DAVID
2010

Abstract

Les expériences du gouvernement Berlusconi montrent une Italie pro-atlantique et anti-européiste quant à la coopération des armements, et pourtant Rome a été porteur du projet de l’Agence de Défense européenne tout comme fondateur de l’OCCAR (Organisation de Coopération pour la Construction des Armements). Les deux ne sont pas toutefois des agences « communautaires » mais des organismes intergouvernementaux européens mais en dehors de l’UE. Pour passer de l'« actualité » à la recherche des perspectives « nouvelles » de la coopération des armements dans la « nouvelle » Europe, nous suggérons une analyse historique et une approche politico-institutionnelle, ainsi qu'une focalisation sur les interconnexions d'un type de production qui est civilo-militaire: des interconnexions qui sont à la fois techniques, industrielles et financières. Une telle approche, appliquée particulièrement au secteur aéronautique, permet de dégager une vision plus large de la production d'armements, car il ne s'agit pas seulement d'armements au sens stricte, mais de technologie, à savoir de technologie de pointe qui est applicable aux armements, à leur production, mais non pas exclusivement à celle-ci. Nous nous référons seulement en partie au concept du dual use technology: ce n'est pas le « produit » qui est le plus important. Le « producteur » l'emporte avec sa nature « à géométrie variable » - de la société privée à celle contrôlée en partie ou totalement par l'État, en tous cas caractérisée par sa diversification de produits entre civils et militaires tels que les cas d'études de Boeing et d'EADS. Par cette approche, nous pourrions suggérer non pas seulement des perspectives pour les développements futurs de la coopération des armements, mais les potentialités de ce sujet pour l'historiographie sur l'intégration européenne, voir sur le processus de la construction d'une « nouvelle » Europe après la Deuxième Guerre mondiale. En fait, en ce qui concerne les débats et le projet autour de la production coordonnée des armements en Europe, il ne s'agit pas d'une nouveauté au sein de la Communauté européenne des Neuf. Le sujet n'a toutefois pas encore été abordé par l'historiographie sur la construction européenne qui, à part la CED, a abdiqué en faveur des politologues en matière d'études sur la défense européenne, avec une seule exception sur ses prodromes. L'idée d'une production coordonnée des armements en Europe, a-t-elle donc existé auparavant, et dans ce cas, à quand est-ce qu'elle remonte ? Pour répondre à cette question, il faut s'attacher aux expériences et débats lancés au sein de l'Europe des Six, de l'UEO ou encore de l'Europe « otanienne », depuis les années 1950 et avec une accélération dès la fin des années 1960 pour arriver aux années 1970. C’est ainsi qu’on arrive à la moitié des années 1970 lorsque, vue la divergence des intérêts nationaux - pour la France l'aérospatial reste un point fort de l'indépendance nationale, le Royaume-Uni ne se décide pas sur la nationalisation, l'Italie mise sur les États-Unis - il s'agit d'attendre selon Bonn aussi. La seule perspective est alors de poursuivre des projets ciblés avec les pays décidés à arriver au but. C'est pour cette raison, conclut Bonn, que la consultation avec Paris, Londres et La Haye au niveau de contacts bilatéraux reste la voie la plus efficace pour la coopération. C'est ainsi que la voie « intégrationniste » à la coopération, celle d'une « politique commune », se ferme définitivement vers la fin des années 1970. Plus exactement, les Trois à la tête des Neuf décident d'emprunter la route intergouvernementale d'ailleurs maintenue jusqu'aujourd'hui, tandis que les entrelacements euro-américains de nature techno-financière et sociétaire demeurent. Ils restent actuellement bien répandus parmi les membres de l'UE, comme le prouvent les documents élaborés par la Commission marquant une coopération des armements dans une Europe « transatlantique ». Le restera-t-elle ? L’analyse, selon une approche trasnantionale, se base sur le croisement des Archives des pays engagés - France, Grande Bretagne, Italie, Espagne - de sources édites - République Fédérale d’Allemagne - et des Archives des institutions européennes : la Commission et le Conseil de la CEE, l’OTAN, l’Union de l’Europe Occidentale, FINABEL.
2010
L’OTAN et l’Europe. Quels liens pour la sécurité et la défense européenne
9789052015996
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