Pierre LE LOYER, Le Muet insensé, texte édité et présenté par Anna Bettoni et Dino Gentili, in Théâtre français de la Renaissance, fondé par E. Balmas et M. Dassonville, dirigé par N. Clerici Balmas, A. Bettoni, M. Campanini, C. Cavallini, R. Gorris Camos, M. Mastroianni et M. Miotti, 2e série, vol. VII: La Comédie à l'époque d'Henri III (1576-1578)

Juriste écrivain avec une disposition particulière pour les lettres grecques et hébraïques, l’angevin Pierre Le Loyer, seigneur de La Brosse, fut un magistrat, un humaniste, et d’abord un poète de la génération des années 1550. Il peut être considéré comme particulièrement représentatif de «l’influence de Ronsard sur la poésie française». Il était d’une dizaine d’années le cadet de Claude de Pontoux, de Philibert Brétin, de Pierre Boton, soit le plus jeune des poètes que Marcel Raymond regroupait, dans son livre, comme les «Poètes de province» dont la carrière se situait autour de 1570. Dans le cadre d’une production composite, Pierre Le Loyer est l’auteur de deux comédies: Le Muet insensé (1576) d’abord, une comédie ‘originale’, qui réunit l’héritage de la farce française, la renaissance du théâtre grec et latin, l’imitation de la commedia erudita italienne et l’influence des thèmes et des types de la prose narrative – des nouvelles italiennes, par exemple, mais aussi de Rabelais –; La Néphélococugie (1579) ensuite, une adaptation des Oiseaux d’Aristophane qui est sans doute un coup de maître plus qu’une traduction du texte grec, le résultat de compétences d’hellénisant et d’un génie littéraire réel – mais qui présentait en tout cas un modèle antérieur identifiable. Un rire tout particulièrement erudito fait le sens du Muet insensé, comédie "démonologique": il dérive de l’observation – topique dans la comédie italienne du XVIe siècle – que cette terre est «pleine de suc», voire pleine d’ineptie, de «scioccaggine», et que les fables des astrologues ou magiciens ont libre et large cours.